Au diable Cendrillon by Maria Domeni

Auteur:Maria Domeni
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: So Romance
Publié: 2019-01-15T00:00:00+00:00

5

De grosses larmes coulent sur ses joues, Doris ne cherche pas à les contenir. Elle les laisse couler, un goût amer et salé lui envahit la bouche. Elle déglutit. Devant elle, pour la énième fois, tous ses médicaments sont renversés, les boîtes vides jonchent le sol. Doris se sent sale, honteuse et surtout, le pire, le plus violent : elle se sent inutile. Elle regarde les pilules étalées devant elle. La souffrance prend possession de son corps, lui floute l’esprit, lui tord les boyaux, lui crève le cœur, la douleur est si violente qu’elle voudrait pouvoir se l’arracher avec les mains, son cœur, pour ne plus jamais rien ressentir de tel. De vagues images dansent devant ses yeux, des scènes de sexe, aucune excitation, juste un profond dégoût pour elle-même, son corps devenu terrain de jeux pour mâles en manque. Doris se répugne. Sa peau la démange. Laide, méprisable, abîmée, cassée, elle se gratte les bras jusqu’au sang.

Violemment, elle se lève, balaie d’un geste rageur les médicaments sur la table, et se rue précipitamment dans la salle de bain. Doris enlève ses vêtements avec une telle violence que son t-shirt se déchire sur toute la longueur. Calmée par le jet d’eau brûlante, elle s’applique à frotter méticuleusement chaque millimètre de sa peau. L’eau coule, la vapeur envahit la salle de bain, la chaleur l’engourdit, elle se sent apaisée. Ses mains se fripent, sa peau rougit, ses yeux brûlent. Elle reste, puis se décide à fermer l’eau lorsqu’elle sent que le jet se refroidit ; elle a vidé le ballon. Doris sort de la baignoire dans un nuage de vapeur, attrape sa serviette la plus douce et essuie doucement son corps endolori par sa propre violence. Elle ouvre la porte de la salle de bain, un air frais l’agresse, elle ressent l’effet d’une gifle. Doris se dirige vers la fenêtre ouverte avec l’intention de la refermer, mais la vue du soleil l’en dissuade, c’est une belle journée de printemps.

Du blanc, elle doit porter des vêtements blancs, seule couleur pouvant apaiser son âme. Le chant des oiseaux revenus avec les beaux jours adoucit son humeur. Aujourd’hui sera symbole de sa réincarnation, tel le phœnix elle va renaître de ses cendres. Doris éclate de rire à sa métaphore lyrique tellement commune. Finis la coke, l’alcool et la baise — pas le sexe, juste la baise — et surtout les médicaments qui l’abrutissent et freinent ses pensées. Doris se sent capable d’affronter la vie sans béquilles. Ses pensées lui donnent le tournis, en vrac, elle rêve de reprendre ses études, stabiliser sa vie sentimentale, voyager en Amérique du Sud, le Venezuela, Caracas est un nom qui l’attire, le Mexique, Acapulco, ça sonne tellement bien : Acapulco ! Et pourquoi pas reprendre le théâtre, ou des cours de guitare, écrire un livre sur sa maladie. Doris attrape une feuille de papier, et écrit sa to do list de vie.

Assise dans la voiture de Rachid, Laure retire ses escarpins en grimaçant de douleur. Ses ongles saignent,

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